mardi 2 février 2010

Depuis quand je me sens ainsi...

Je suis presque convaincue que c'est lié à ce jour où il est parti. En effet, tout a commencé vers le 23 avril 2008 où on m'a dit qu'il fallait mettre un terme à ma grossesse. C'était fini! Zackary ne verra jamais le jour. Il portera malgré tout un noble prénom cependant, puisqu'il passera désormais dans la légende. Par contre, il aura bien existé, contrairement à une vraie légende proprement dite. Mais avant même de prendre la décision finale, Tristan aura vécu ses derniers jours à la maison avec papa et maman et ce, dans le confort de leur jolie petite maison. Aussi, pour que maman ait le temps de se faire à l'idée et se préparer à le laisser partir. Entre temps, un nouveau membre s'ajouta à la famille. Oui, le 25, Pixelle arriva à la maison. Une jeune petite minette très enjouée et à la petite bouille sympathique ne demandant rien de mieux qu'un foyer accueillant et rempli d'amour.

Pixelle nous a beaucoup apporté. Depuis la toute première seconde que je l'ai vu, elle a su jouer un rôle thérapeutique, bien qu'elle ait toujours eu son petit côté quelque peu «insouciant». Mais son rôle prit encore plus d'ampleur après le 28 lorsque nous sommes revenus à la maison, bredouilles, sans bébé.

Ensuite, me voilà avec 15 belles semaines de congé devant moi. Comme si j'en avais pas eu assez. Je ne travaillais pas depuis déjà deux mois et demi et je me retrouve avec 15 autres longues semaines à passer seule, sans trop savoir quoi faire de mes dix doigts... Au moins, ça m'aura permis de m'occuper de moi, faire des choses qui me font plaisir.. Heureusement que j'avais ma Vespa à l'époque, puisque c'est pas mal la seule chose que j'avais vraiment envie de faire, m'évader... Mais je trouvais quand même mes moments de solitude plutôt dur parfois. Mais comme je n'avais pas très envie (ou très peu) de me déplacer pour aller rencontrer des gens, j'ai préféré rester seule et attendre le retour du travail de Patrick. Par contre, j'aurais apprécié qu'on vienne me visiter, ou qu'on me téléphone, qu'on me demande comment j'allais, au cas où j'aurais eu besoin d'en parler. Cependant, je ne m'accorde aucunement le droit d'en vouloir à qui que ce soit.

Enfin, l'été a passé et j'en profitais du mieux que je pouvais. Entre deux balades en Vespa, une sortie ici et là pour quand même tenter de voir quelques amis et ma famille, m'occuper de Pixelle et surtout, de moi. J'ai même renforcé certains liens pendant cette période, des liens auxquels un an plus tôt, je ne m'aurais pas attendu de créer. Merci aussi à toi, Stef, d'avoir su m'écouter et m'apporter ton support. Comme je l'ai déjà dit, avec Pat, vous êtes sans doute les deux premières personnes avec lesquelles je me sens énergisée à votre contact. Disons que nos nombreux fou rires m'auront été très thérapeutiques. ;)

2 septembre 2008. Le grand retour au travail. J'étais heureuse de retrouver l'une des choses que je sais le mieux faire et ma grande passion: l'infographie. Mais j'étais surtout contente de retrouver mes collègues, de retrouver une vie qui m'avait manqué finalement. C'est dans ces moments que l'on se rend le plus compte qu'on aime notre métier. Ce que j'ai le plus apprécié fût de retrouver mon bureau, presqu'intact, comme si je n'étais jamais partie. Rien n'avait été déplacé. C'était encore MA place à moi. Je suis reconnaissante que cela ait été respecté. Ce que j'ai le moins aimé, c'est que j'ai senti de la pression presqu'à la toute première heure de mon retour. On me confiait déjà de gros projets alors que je ne savais pas si j'étais totalement remise de cette épreuve. Biensûr que mon deuil devait être fait, mais jusqu'à quel point. Pour moi, c'était encore récent. Je crois que je n'étais pas tout à fait prête, malgré tout, à ça. Mais bon, il fallait bien que je me lance, sinon je n'aurais peut-être jamais recommencé, qui sait... Mais peut-être aussi que j'aurais aimé qu'on vienne me voir, pour me parler de tout ça. D'accord, vous n'osiez pas trop... On ne sait jamais trop quoi dire dans ces moments, mais dites-vous que je devais souffrir beaucoup plus en me repliant sur moi-même qu'en en parlant justement. Et puis, il ne faut pas avoir peur d'essayer. Au pire, je vous aurais dit que je ne voulais pas en parler. C'est sûr que j'aurais pu aussi aller vers vous, mais comme je venais tout juste de revenir d'assez loin, j'avais une réadaptation à faire.

Vous comprendrez maintenant pourquoi j'avais certains problèmes de discipline personnelle. J'avais une certaine mauvaise habitude d'aller sur internet et à plusieurs reprises sur mes heures de travail. Je n'étais pas encore revenue celle que je suis aujourd'hui, soit une femme en pleine possession de ses moyens et qui se fait même vanter ses mérites par ses employeurs. Parlant d'eux, je leur suis particulièrement reconnaissante de m'avoir quand même accordé ma chance et que les répercussions ne furent pas trop sévères. Si ça n'avait pas été d'eux, je n'aurais peut-être plus d'emploi aujourd'hui. En effet, début 2009, on m'accordait enfin l'opportunité de monter de classe d'emploi. Depuis ce temps, je suis considérée comme faisant partie des meilleurs. Professionnellement parlant, je ne peux pas dire que l'année 2009 fût mauvaise. Au contraire, j'accumule les mérites presque sans relâche et ce, en y mettant tout mon coeur, même si ce n'est pas toujours facile et malgré les embûches qui peuvent se mettre sur mon chemin, je continue d'avancer en ne comptant que sur moi-même.

Mais Tristan est toujours bien présent à mon esprit. Je vous entends déjà me dire qu'on oublie jamais et qu'il demeurera toujours vivant dans mon coeur. Ça j'en suis consciente. Cependant, à chaque fête ou à chaque date commémorative, je ne peux m'empêcher de penser à lui. Je vois une famille, une jeune mère avec son bébé et je m'imagine, le tenant dans mes bras, comment il aurait été et surtout, comme la situation aurait été s'il avait été avec nous. Je n'en veux pas à personne d'avoir des enfants et même que je trouve ça merveilleux de voir une petite famille unie. De plus, si j'avais un seule chose à leur dire c'est d'en profiter.. Car on ne sait jamais ce qui nous pend au bout du nez.. La vie est si belle, mais si fragile...

Pour terminer, je vais répondre à une question que je me suis fait poser et que je m'attends à me faire poser encore: Une nouvelle grossesse n'est pas dans mes plans à court terme ni à moyen terme. En tout cas, pour le moment, Patrick et moi en parlons. Nous parlons même d'adoption, car ni l'un ni l'autre ne voulons revivre les difficultés que nous avons vécu et ce, même si on nous dira quand même que ça pourrait très bien aller pour la prochaine fois. Il faut comprendre qu'on est quand même portés à vivre dans un angoisse qu'il pourrait arriver quelque chose encore... Aussi, ça ne paraît peut-être pas nécessairement, mais Patrick a été également beaucoup plus affecté que l'on pense. C'est quand même lui qui a pris soin de moi et il a même vécu un «burn out» à cause de son ancien emploi, la surcharge qu'il avait sur les épaules, etc.. Un épuisement dont il ne sait peut-être encore pas entièrement remis complètement...

Enfin, je crois qu'il va nous falloir encore quelques années (voir 2-3 ans) pour se décider vraiment. On demande juste de ne pas se faire mettre de pression là-dessus. Je sais que je ne suis plus aussi jeune mais j'ai quand même juste 35 ans. En attendant, nous tenons avant tout de profiter de la vie pleinement et si un jour, on prend une décision, c'est qu'on l'aura pris ensemble, sans que personne d'autre se soit interposé.

Aucun commentaire: